De nombreux propriétaires sont démunis face à ces comportements et trouvent peu de réponses efficaces et durables pour soulager leur cheval face aux tics. La plupart d’entre eux mettent alors en place des stratagèmes pour empêcher le cheval de tiquer. Il est important de garder à l’esprit durant la lecture de cet article qu’il n’y a aucun jugement sur les pratiques adoptées par ces propriétaires, en sachant que la plupart des tentatives sont simplement mises en place par souci de « bien faire » et/ou par méconnaissance.
J’aborde donc ce sujet avec une infinie bienveillance envers toutes ces personnes concernées par cette problématique et espère qu’elles trouveront, dans cet article, des réponses efficaces à apporter à leur compagnon pour améliorer son bien-être physique et émotionnel.

C’est quoi un « tic » ?
Les tics sont des MOUVEMENTS REPETITIFS produits par le cheval sans but apparent. On les appelle également « stéréotypies ».
Pourquoi mon cheval tique ?
Il s’agit d’un PHENOMENE DE COMPENSATION : le cheval élabore un comportement pour remplacer celui, plus adapté, qu’il ne peut réaliser (diverses raisons : manque de fourrage, de contacts sociaux, de liberté de mouvement…) ; cela lui procure un SOULAGEMENT. En effet, la non-réalisation d’un comportement naturel crée un besoin de « faire quelque chose » : les ressources mobilisées par l’organisme peuvent donc être utilisées. L’organisme sécrète alors des ENDORPHINES qui apaisent le cheval et lui procurent du bien-être.
Tics : STOP à la censure ! Le tic n’est pas un « comportement irrationnel » du cheval, c’est une manifestation de son mal-être qui en plus lui apporte, sur le moment, réconfort et soulagement. Le cheval souffre donc si on l’empêche de tiquer, d’autant plus qu’il n’est pas capable de comprendre pourquoi !
Les artifices utilisés pour mettre fin aux tics ne sont jamais concluants (ex. collier anti-tic, répulsif sur le support, fermeture du box par une grille…) : très souvent, le cheval développe alors un autre comportement, souvent pire. Ainsi, une proportion signifiante de chevaux, empêchés artificiellement de tiquer, sont devenus agressifs ou auto-agressifs (mutilation). |
Tic à l’appui et tic à l’air : quelle différence ?
Le tic à l’appui est la stéréotypie la plus courante chez les chevaux. Le tic à l’appui implique que le cheval saisisse de manière répétée et compulsive un objet entre ses dents et aspire de l’air. Etroitement lié au tic à l’appui, le tic à l’air est toutefois un comportement distinct : les chevaux tiquent à l’air en courbant l’encolure et en se servant de leur bouche pour aspirer de l’air dans l’œsophage. Ils expulsent ensuite l’air hors de la bouche en émettant un bruit (éructation ou « rot »).
Conséquences ?
DIGESTIVES : Le tic peut interférer avec les comportements alimentaires normaux et engendrer une perte d’état. Il augmente également le risque d’ulcères gastriques ou de coliques.
MUSCULAIRES ET (OSTEO-)ARTICULAIRES : Le cheval peut également développer des contractures et tensions liées à la répétition de la posture et la mise sous tension permanente de l’avant-main (mâchoire (notamment l’ATM), nuque, encolure, épaules).
DENTAIRES : Le tic à l’appui peut engendrer des problèmes dentaires (usure des dents).
EMOTIONNELLES : Et enfin, il ne faut pas négliger la sphère émotionnelle ; un cheval qui tique est avant tout un cheval qui « ne va pas bien ».

Comment réagir ?
Ce comportement commence souvent comme un « mécanisme d’adaptation » à un environnement ou mode de vie inapproprié. S’attaquer à la SOURCE, soit aux FACTEURS DE STRESS probables tels que le manque d’accès au fourrage, le confinement, l’ennui et l’isolement social peut aider à prévenir/réduire ce comportement (lire mon article sur les "3F").
L’identification et le traitement des PROBLEMES DE SANTE qui en découlent peuvent également améliorer le confort et favoriser un comportement calme et serein.
Si le(s) tic(s) persiste(nt) ?
Le tic est un COMPORTEMENT ADDICTIF ; aussi, malgré les aménagements et améliorations de son environnement et mode de vie, le cheval peut continuer à tiquer, tout simplement par habitude.
Le SHIATSU, par son approche holistique, peut accompagner et soulager le cheval des TENSIONS PHYSIQUES ET EMOTIONNELLES RESIDUELLES :
- par la décontraction et la libération de l’avant-main,
- par le travail sur la sphère digestive,
- par le travail sur la sphère émotionnelle.
La gemmothérapie (ex. macérat de figuier), les huiles essentielles ou les élixirs floraux (ex. Wild Rose, églantier) peuvent également offrir un soutien intéressant en complément aux séances de shiatsu. |

La notion d'APPROCHE GLOBALE est toutefois importante car si le shiatsu peut soulager et apaiser votre cheval, son bien-être général dépend également de : son environnement, son mode de vie, son alimentation, du suivi vétérinaire (e.a. dans le cas d’ulcères), du suivi en dentisterie (pour le tic à l’appui), du suivi ostéopathique (e.a. pour les lésions ostéoarticulaires causées par les mouvements répétés)… Seule une synergie entre les différents acteurs, dont, en première position, le gardien du cheval, peut apporter une réponse efficace et durable à cette problématique.
Attention : il faut toutefois être conscient qu’entamer un travail en shiatsu dans cette optique, ne s’effectue pas en une seule séance ; le schéma compensatoire s’étant développé durant plusieurs semaines, mois ou années, des déséquilibres en chaîne se sont installés. Il faut également être conscient, que malgré des améliorations substantielles, une disparition totale du tic n’est ni systématique, ni garantie, dépendant, entre autres, d'éléments externes "incontrôlables" (ex. contraintes en lien avec le lieu et/ou les infrastructures de votre établissement) sur lesquels il n'est pas toujours possible d'influer.
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